Histoire de la mine



Messieurs Layet et Martel qui sont marseillais et négociants en charbon demandent l'autorisation d'exploiter une carrière de pavés de grés à Cap Garonne. Le maire de la commune de la Garde (Le Pradet n'existait pas encore, c'était un quartier de La Garde qui prendra son indépendance en 1894), monsieur Marius Olive, s'aperçoit que les matériaux extraits contiennent du cuivre et du plomb. Il demande un indemnisation financière de 3 000 francs or et, en échange, il donnera son avis favorable à la demande de concession minière de Layet et Martel.

Travaux à la mine de Cap Garonne 1862

1862

Autorisation sous Napoléon III pour une concession de cuivre et de plomb. Les premiers mineurs sont des italiens spécialisés dans le travail minier. La main-d'oeuvre non spécialisée est recrutée parmi la population locale. Elle occupe les postes de chargeurs, trieurs, rouleurs. Pour forer un trou de 60 cm, les mineurs étaient deux et il fallait 8 heures de travail à l'aide d'un fleuret et d'une masse. Les fleurets étaient remplacés dès qu'ils s'émoussaient et des enfants assuraient les allers et venues entre la forge et les mineurs.
Le minerai extrait est trié par les femmes sur le carreau de la mine pour être envoyé à Swansea (un port du pays de Galles) afin d'y être traité. Swansea étant à l'époque le premier centre européen de traitement métallurgique du cuivre. La teneur en cuivre à Cap Garonne est faible (3 à 8%) et, en France, on ne savait pas traiter les minerais pauvres. De plus les taxes de douane vers l'Angleterre sont supprimées, cela explique le choix d'une expédition aussi lointaine.
Rapidement Layet et Martel se rendent compte que la mine n'est pas rentable car les coûts de transport sont trop élevés. En effet le minerai trié est chargé sur des charrettes qui descendent à la plage de la Garonne. Il est embarqué sur des tartanes allant à Marseille d'où il repart sur des cargos en direction de Swansea.

1873

1873

Rachat de la mine par un anglais, Mr Unwin. La reprise de l'exploitation correspond à une période de remontée du cours du cuivre. Il sera le seul concessionnaire à rentabiliser la mine. Il a dressé des plans de la mine, élargi et surélevé les galeries et a diminué les frais de personnel. En 1877 se produit la rencontre avec une grande faille qui provoque un net ralentissement de l'exploitation.

1884

Arrêt de la concession anglaise. La mine va fermer ses portes pendant 8 ans.

1892

1892

Reprise de l'activité avec le rachat de la mine par M. Roux. Il est le premier à envisager le traitement sur place du minerai pauvre par voie humide pour faire du sulfate de cuivre. Celui-ci servira pour la fabrication de la bouillie bordelaise (la viticulture étant en pleine expansion dans la région). Mais la mine n'est toujours pas rentable.

Bouillie bordelaise1899

Rachat par la Société des Mines de Cap Garonne. Elle va tout d'abord essayer avec 60 ouvriers d'extraire du minerai avant de produire du sulfate, mais c'est à nouveau un échec.

1903

Rachat de la mine par MM. Enderlin et Roche qui mettent beaucoup d'espoir dans la construction de la ligne de chemin de fer Toulon-Hyères. Ils négocient la réalisation d'un embranchement de 4 km 300 qui dessert la mine. Ils pensent ainsi diminuer le coût d'envoi du minerai en l'acheminant directement par train jusqu'à Marseille. Hélas ils ne trouvent pas preneur, la teneur en cuivre du minerai étant trop faible. Ils passent alors un contrat avec un ingénieur allemand pour la construction d'une usine servant à la fabrication du sulfate de cuivre. Malheureusement ils se heurtent à de nombreux problèmes techniques. La roche étant trop dure elle endommage les broyeuses de l'usine. C'est donc un échec et ils abandonnent l'exploitation en 1907. La mine ferme pendant 9 ans.

1903-1916-1

1916

Dernier concessionnaire, M. Bolo Pacha est un aventurier au long cours qui a écumé le monde entier en se faisant épouser de dames très fortunées. Fortune faite, Bolo Pacha vient en Provence où il rachète la mine par l'intermédiaire de M. Geydon de Dives. Mais il ne va l'exploiter, avec l'aide de 120 ouvriers, que jusqu'en Octobre 1917 date à laquelle on lui confisque ses biens. Il est arrêté et condamné à mort pour intelligence avec l'ennemi. Il sera exécuté en avril 1918. L'Histoire dit qu'il parcourait la colline à cheval, qu'il rentrait dans les galeries de la mine et, qu'arrivé à la falaise, il indiquait par des signaux lumineux aux bateaux allemands qui étaient au large la position des bateaux français dans la rade de Toulon.
3 octobre 1917, arrêt définitif de l'exploitation.


1933- 1956

Grâce à son ciment humide et tempéré, la mine de Cap Garonne devient une champignonnière. Elle fonctionne par intermitence.
Les galeries étant laissées ouvertes, la mine est livrée au pillage. Si elle ne contient plus de cuivre, elle recèle en effet une extraordinaire richesse : plus d'une centaine de micro-minéraux dont les minéralogistes du monde entier connaissent l'intérêt scientifique.

1984

Les maires des communes du Pradet, de La Garde et de Carqueiranne sont conscients de l'intérêt culturel et historique que représente un tel site sur leur territoire. De plus, la qualité exceptionnelle de l'environnement incite les autorités locales à protéger et à mettre en valeur ce patrimoine d'intérêt national et européen. La mine est en effet située au cœur d'un massif boisé de 300 hectares particulièrement protégé. Les trois communes propriétaires des lieux se constituent en syndicat intercommunal et décident de fermer la mine pour faire cesser le pillage, mais aussi pour des raisons de sécurité.

1990

Le syndicat fait réaliser des travaux intérieurs de mise en sécurité. Salles et galeries sont consolidées sur 4000 m² de superficie. Une issue de secours est créée. La décision est prise de réaliser un parcours de 300 mètres et des salles d'exposition à l'intérieur de la mine.
9 juillet 1994, le Musée de la Mine est inauguré.

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